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ÉLOGE DE L’HÔPITAL.


qui peut flatter une âme vile, de l’argent et des honneurs.

Mais le cardinal sentit bientôt qu’il lui en coûterait trop pour mériter des applaudissements durables, et il crut qu’il pouvait, sans danger, déployer tout son caractère [1].

Les chefs des grandes familles françaises, ceux des princes du sang dont la puissance et les talents sont à craindre, dénoncés à la nation comme des ennemis du culte public, sont éloignés de la cour. Un bruit sourd commence à s’accréditer, que l’on n’attend des héritiers d’aucun des enfants de Henri II ; et le dessein d’armer les catholiques contre les protestants, et de placer par leurs mains la couronne de France sur la tête des princes de la maison de Guise, s’annonce déjà d’une manière effrayante.

Le roi était détenu par le cardinal dans une espèce de prison. Les partisans de la maison de Bourbon [2] osèrent former le dessein d’enlever le roi à ses mi-

  1. Le trésor royal ne peut suffire à payer les sommes qui sont dues ; le cardinal défend, sous peine de mort, d’en solliciter le payement.

    Les lois sanglantes, publiées contre les protestants, sont exécutées à la rigueur.

    C’est un crime capital d’être soupçonné d’avoir écrit contre le premier ministre, et même d’avoir plaint ceux qu’on traîne à la mort pour ce crime imaginaire.

    Un gentilhomme, suspect au cardinal, est appliqué en secret à la question dans une prison d’État, et meurt dans les tortures.

  2. Ils avaient à leur tête le beau-frère de ce même gentilhomme, sacrifié avec tant de barbarie aux soupçons du cardinal de Lorraine.