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ÉLOGE DE L'HÔPITAL.

L’Hôpital touchait au moment où, exposé aux regards de la nation entière, la calomnie ne pourrait plus rien contre sa gloire. Il est rare que ceux qui, des derniers rangs de la société, s’élèvent aux premières places, y arrivent avec une réputation sans tache. L’envie peut trop aisément verser ses poisons sur une vie obscure ; ne serait-il pas à la fois plus juste, plus sûr, et même plus utile, de juger alors des commencements de la vie d’un homme d’État, par sa conduite dans les places où il lui est aussi impossible de cacher ses crimes qu’à ses ennemis de lui en supposer ? Irons-nous donc chercher, dans la poussière de nos archives, de quoi confondre ceux qui ont accusé l’Hôpital d’ingratitude, d’avidité, de bassesse, d’ambition ? Non ; mais nous demanderons si, pendant qu’il fut chancelier, il trahit la confiance du roi ou la cause du peuple, s’il augmenta sa fortune, s’il abaissa devant les favoris la hauteur de son caractère, s’il acheta aux dépens de la vérité le triste avantage de conserver son crédit, en perdant son honneur. La conduite de l’Hôpital, durant son ministère, est la seule bonne apologie de la manière dont il y est parvenu. Voyons cependant si ce moment de la vie de l’Hôpital a même eu besoin d’apologie.

Henri II venait de mourir ; le cardinal de Lorraine, oncle de Marie Stuart, femme du jeune François II, était devenu le maître du roi et de la France. Jaloux de l’approbation publique, comme le sont tous ceux qui commencent à jouir de l’autorité, il avait rappelé Olivier. Bertrandi fut dédommagé par tout ce