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ÉLOGE DE L’HÔPITAL.


des lois de sang, ou de violer celles qui assurent nos libertés. S’il a échappé à l’exécration des siècles suivants, c’est que toujours vil au sein de la puissance, toujours subalterne, même en occupant les premières places, il fut trop petit pour attirer les regards de la postérité.

Olivier ne regretta point la perte de sa place, ni l’Hôpital celle de ses espérances ; ils ne pleurèrent que sur leur patrie, et se félicitèrent de n’être plus exposés à devenir, malgré eux, les instruments de ses malheurs [1].

Cependant l’Hôpital n’était pas sans protecteurs. Le cardinal de Tournon, le cardinal de Lorraine auraient été jaloux d’acquérir des droits sur sa reconnaissance : mais ils n’étaient pas dignes d’être les bienfaiteurs d’un homme vertueux ; et l’honneur de mettre enfin l’Hôpital à sa véritable place était réservé à une âme plus pure.

Marguerite de Valois, fille de François Ier, avait hérité de l’amour de son père pour les savants ; elle s’était servie plus d’une fois de son crédit sur l’esprit de son frère pour combattre la politique cruelle de ses ministres, qui croyaient ne pouvoir se brouiller impunément avec le pape, si le supplice de quelques hérétiques n’attestait la pureté de leur foi.

On fit connaître l’Hôpital à cette princesse ; elle vit en lui un homme d’État plus habile que tous les machiavélismes de la cour, et qui pourtant n’avait

  1. Voyez les poésies de l’Hôpital.