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ÉLOGE DE FOURCROY.

une fille digne d’eux, se confondait avec lui), d’un sentiment qui, depuis l’enfance jusqu’à la vieillesse, ait accompagné tous les âges, sans s’affaiblir, sans être jamais ni altéré par le moindre nuage, ni troublé par un seul instant de refroidissement ou de négligence.

Les longs travaux de Fourcroy avaient épuisé ses forces ; il craignait pour une santé qui lui était plus chère que la sienne, il désira de quitter une place qu’il ne pouvait conserver qu’aux dépens de sa vie, en renonçant à des soins qui en étaient devenus à la fois le tourment et la consolation ; mais il voulut que les restes en fussent encore utiles à sa patrie, et il souscrivit avec ardeur à la condition qui lui fut imposée de continuer à payer le tribut de ses lumières et de ses conseils. Ses fonctions à Versailles ne l’avaient point empêché de se charger de commander le corps du génie dans la descente projetée en Angleterre ; il avait présidé aux préparatifs qui s’étaient faits sur les côtes de Normandie, et, du sein de sa solitude, au premier signe du besoin qu’on avait de lui, il reprenait ses anciennes fonctions et rendait les mêmes services. Malgré un affaiblissement qui faisait des progrès rapides, il ne cessa de travailler qu’à l’instant où il fut attaqué de la maladie qui termina sa vie ; et on trouva sur son bureau un mémoire sur des ouvrages utiles à la sûreté du port de Brest. Il mourut le 12 janvier 1791.

Ces détails de la vie publique de Fourcroy, le tableau que nous avons tracé de son intérieur domestique, nous ont montré un homme qui rem-