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ÉLOGE DE FOUGEROUX.


d'hui la fonction à laquelle, et la loi de l’égalité et celle des élections populaires appellent tous les hommes opulents. Ces sages lois leur ont donné l’intérêt de s’entourer de cultivateurs heureux par leurs bienfaits, éclairés de leurs lumières, et en faisant que le riche eût besoin du pauvre, elles ont porté la cognée aux racines des abus oppresseurs de l’humanité ; mais ceux qui ont donné l’exemple de ces vertus bienfaisantes, lorsque l’intérêt personnel ne les commandait point ; ceux qui se sont occupés de l’instruction et des besoins du peuple, lorsque le peuple n’avait encore à donner que de naïves et douces bénédictions ; ceux qui ont sacrifié à ces pures jouissances les préjugés de l’orgueil, ont quelques droits à notre reconnaissance, et l’on doit leur savoir gré d’avoir montré, sous un régime corrupteur et tyrannique, les mœurs et les vertus de la liberté.

Duhamel avait eu son frère pour ami, pour compagnon d’étude, et, par un hasard singulier, Fougeroux eut le même bonheur ; de Blavau fut pour lui ce que Denainvilliers avait été pour Duhamel. Un même goût pour l’étude et pour les mêmes genres d’études, une conformité plus grande de caractère, avaient produit une liaison non moins intime. Le service du génie, auquel de Blavau était attaché, les avait souvent séparés ; mais les objets de leurs travaux les rendaient sans cesse présents l’un à l’autre. Un phénomène nouveau, une observation, une expérience, rappelaient à chacun d’eux l’ami qui verrait son travail avec intérêt, qui s’occuperait de le per-