encore, à l’arbre dont il était sorti, et qu’il ne fallait couper qu’au moment où la jeune plante, après
avoir étendu ses racines et développé ses branches,
aurait acquis assez de vigueur, pour croître seule
et se soutenir par ses propres forces.
Nous ne louerons pas Franklin d’avoir prévu une révolution que tout annonçait, mais d’avoir cherché les moyens d’épargner ce qu’elle devait coûter de malheurs à l’Angleterre et à l’Amérique ; d’avoir voulu qu’elle fût l’ouvrage de la raison, et non celui de la force. Convaincu qu’il fallait éclairer les hommes pour leur apprendre à diriger leur conduite, et non exalter leurs passions pour les gouverner ; que le bien finissait toujours par se faire ; que l’art consistait à savoir l’attendre, à le préparer quelquefois, surtout à en écarter les obstacles, il détestait cette politique turbulente et sanguinaire qui se vante de fonder sur des ruines l’édifice de la félicité des peuples, et se plaît à entourer de victimes l’autel de la liberté.
La guerre s’alluma bientôt entre la France et l’Angleterre. Les limites des colonies que les deux nations avaient alors en Amérique en furent la cause apparente, et peut-être le gouvernement britannique cherchait-il déjà un moyen de distraire les Américains par l’intérêt de leur sûreté, et de les empêcher de trop songer à celui qu’ils avaient de s’élever, par leur réunion, à une existence indépendante.
En 1755, Franklin fut chargé en chef de la défense des frontières au nord-ouest de la Pensylvanie,