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ÉLOGE DE FRANKLIN.


alors l'Ebauche de la religion naturelle de Wallaston. Le jeune élève, mécontent des principes de cet ouvrage, essaya d’en combattre quelques-uns, et publia une petite Dissertation sur la liberté et la nécessité, le plaisir et la peine.

Bientôt son goût pour la philosophie, son ardeur pour l’étude, sa naïveté piquante, sa sagesse prématurée, le firent admettre dans la société de plusieurs hommes alors très-célèbres, Mandeville, Lyon s, Pemberton, Sir Hans Sloane.

Peu de temps après son retour en Amérique, deux de ses amis, MM. William Colleman et Robert Grace, lui avancèrent des fonds pour acheter une imprimerie. Leur nom mérite sans doute d’être conservé par la reconnaissance ; ils ont rendu à leur patrie un grand homme que la nature lui avait préparé, mais que la nécessité pouvait lui ravir. L’histoire des sciences est remplie de ces exemples ; elle nous montre souvent le génie aux prises avec l’adversité ; et, par l’exemple de ceux à qui un heureux hasard a permis d’en triompher, elle fait voir tout ce que l’humanité a perdu, et ce qu’elle pourrait espérer d’une forme d’institution publique qui, assurant aux premières lueurs du talent les moyens de se faire remarquer, lui offrirait ensuite ceux d’atteindre toute la hauteur à laquelle la nature lui a permis d’aspirer.

Franklin avait observé en Angleterre les avantages des papiers-gazettes, des associations connues sous le nom de club, et des souscriptions volontaires : il se proposa d’en faire jouir sa patrie. D’abord il pu-