nion, que les vérités mathématiques ne sont point des vérités réelles, niais de pures vérités de définition ; observation juste, si on veut la prendre dans la rigueur métaphysique, mais qui s’applique également alors aux vérités de tous les ordres, dès
qu’elles sont précises, et qu’elles n’ont pas des individus pour objet. Si ensuite on veut appliquer ces
vérités à la pratique, et les rendre dès lors individuelles, semblables encore à cet égard aux vérités
mathématiques, elles ne sont plus que des vérités
approchées. Il n’existe réellement qu’une seule différence : c’est que les idées dont l’identité forme les vérités mathématiques ou physiques, sont plus abstraites dans les premières ; d’où il résulte que pour les vérités physiques, nous avons un souvenir distinct
des individus dont elles expriment les qualités
communes, et que nous ne l’avons plus pour les autres ;
mais la véritable réalité, l’utilité d’une proposition
quelconque, est indépendante de cette différence ;
car on doit regarder une vérité comme réelle,
toutes les fois que, si on l’applique à un objet
réellement existant, elle reste une vérité absolue,
ou devient une vérité indéfiniment approchée.
M. de Buffon proposait d’assigner une valeur précise à la probabilité très-grande, que l’on peut regarder comme une certitude morale, et de n’avoir au delà de ce terme, aucun égard à la petite possibilité d’un événement contraire. Ce principe est vrai, lorsque l’on veut seulement appliquer à l’usage commun le résultat d’un calcul ; et dans ce sens tous les hommes l’ont adopté dans la pratique, tous