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ÉLOGE DE M. DE BUFFON.


égale à celle du cœur du bois, qui est elle-même augmentée par ce procédé ; il consiste à écorcer les arbres sur pied, dans le temps de la sève, et à les y laisser se dessécher et mourir. Les ordonnances défendaient cette opération ; car elles ont trop souvent traité les hommes, comme si, condamnés à une enfance éternelle, ou à une incurable démence, on ne pouvait leur laisser, sans danger, la disposition de leurs propriétés et l’exercice de leurs droits naturels.

Peu de temps après, M. de Buffon prouva, parle fait, la possibilité des miroirs brûlants d’Archimède et de Proclus. Tzetzès en a laissé une description, qui montre qu’ils avaient employé un système de miroirs plans. Les essais tentés par Kircher, avec un petit nombre de miroirs, ne laissaient aucun doute sur le succès ; M. Dufay avait répété cette expérience ; Hartsoecker avait même commencé une machine construite sur le même principe : mais il reste à M. de Buffon l’honneur d’avoir montré le premier, parmi les modernes, l’expérience extraordinaire d’un incendie allumé à deux cents pieds de distance, expérience qui n’avait été vue, avant lui, qu’à Syracuse et à Constantinople. Bientôt après il proposa l’idée d’une loupe à échelons, n’exigeant plus ces masses énormes de verres, si difficiles à fondre et à travailler, absorbant une moindre quantité de lumière, parce qu’elle peut n’avoir jamais qu’une petite épaisseur, offrant enfin l’avantage de corriger une grande partie de l’aberration de sphéricité. Cette loupe, proposée en 1748 par M. de Buffon,