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ÉLOGE DE M. DE FOUCHY.


si l’on emploie le niveau ordinaire ; mais il eût fallu que les deux branches du niveau, placées dans une lunette, pussent toutes deux être vues distinctement. C’est ce qu’a exécuté M. de Fouchy, au moyen d’une lunette à quatre verres ; une des branches est vue dans une situation directe, l’autre dans une situation renversée, et il en résulte la facilité d’observer le point du niveau avec la plus grande précision.

En 1743, M. de Fouchy fut nommé secrétaire perpétuel de l’Académie. C’était succéder à M. de Fontenelle, dont M. de Mairan n’avait voulu occuper la place qu’un petit nombre d’années, pour laisser le temps de faire un choix que les talents et la célébrité du neveu de Corneille rendaient si difficile. Pour mériter de le remplacer, il fallait ne pas vouloir lui ressembler, et savoir se conformer à la différence des temps et des opinions. Contemporain d’Arnaud et de Voltaire, de Bossuet et de Montesquieu, témoin des derniers instants de l’ancienne physique, du règne et de la chute du cartésianisme remplacé, grâce aux découvertes de Newton et de Locke, par une philosophie plus vraie, M. de Fontenelle avait observé ces grandes révolutions, dont il avait été lui-même un des instruments les plus utiles ; il avait vu des vérités qui, dans sa jeunesse, étaient le secret de la conscience de quelques sages, devenir vers la fin de sa vie l’opinion à la mode des gens du monde. Cachant sous des formes simples les vues d’une philosophie profonde, ayant le double talent de rendre populaires les vérités qu’il jugeait utile