peu de gloire rend si actives et si violentes dans les
hommes ordinaires. Nous terminerons cet exposé
des travaux de M. Euler sur l’analyse pure, en observant
qu’il serait injuste de borner son influence
sur les progrès des mathématiques, aux découvertes
sans nombre dont ses ouvrages sont remplis. Ces
communications qu’il a ouvertes entre toutes les parties
d’une science si vaste ; ces vues générales, que
souvent même il n’indique pas, mais qui n’échappent
point à un esprit attentif ; ces routes dont il
s’est contenté d’ouvrir l’entrée, et d’aplanir les premiers obstacles, sont encore autant de bienfaits dont
les sciences s’enrichiront, et dont la postérité jouira,
en oubliant peut-être la main dont elle les aura
reçus.
Le traité de mécanique que M. Euler donna en 1736, est le premier grand ouvrage où l’analyse ait été appliquée à la science du mouvement. Le nombre des choses neuves ou présentées d’une manière nouvelle, qui entrent dans ce traité, eût étonné les géomètres, si M. Euler n’en eût déjà publié séparément la plus grande partie.
Dans ses nombreux travaux sur la même science, il fut toujours fidèle à l’analyse ; et l’usage heureux qu’il en a fait a mérité à cette méthode la préférence qu’elle a enfin obtenue sur toutes les autres. La solution du problème où l’on cherche le mouvement d’un corps lancé dans l’espace et attiré vers deux points fixes, est devenue célèbre par l’art avec lequel des substitutions dont M. Euler savait si bien prévoir la forme, l’ont conduit à réduire aux qua-