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ÉLOGE DE M. BOUVART.


rapportées en assez grand nombre, M. Bouvart prouva très-bien que, si ce phénomène n’était pas sans exemple, il était du moins extrêmement rare, surtout lorsqu’on voulait porter le retard au delà d’un petit nombre de jours : mais ses adversaires prouvèrent de leur côté, qu’il n’y avait, quelque système que l’on prît sur les causes de l’accouchement, sur les forces qui le déterminent, aucun motif de croire que le terme n’en pût être retardé par l’effet de la constitution, du régime, des affections de l’âme ; et il en résulte que l’impossibilité de ce retard serait, plutôt que sa possibilité, un phénomène qui aurait besoin d’être appuyé sur les observations les plus constantes.

Il fallait ensuite examiner la question morale. L’impossibilité d’une naissance retardée au delà du terme commun n’étant pas rigoureusement démontrée, doit-on fixer une époque après laquelle aucune naissance posthume ne pourra plus être supposée légitime ? et si l’on fixe cette époque, jusqu’à quel point faut-il que la légitimité soit improbable pour que la loi prononce comme si elle était impossible ? Ou bien regardera-t-on cette légitimité, c’est-à-dire, l’existence de l’enfant avant la mort du mari de la mère, ou la possibilité qu’il en soit le père, comme un fait dont on laisserait aux juges à discuter les preuves particulières ? Si l’on admet le premier parti, la justice exige que l’on étende le terme à un point au delà duquel l’extrême invraisemblance du fait général ne puisse plus être compensée par les preuves particulières les plus fortes dont un fait de