Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 3.djvu/292

Cette page n’a pas encore été corrigée
280
ÉLOGE DE M. BOUVART.


tilité et les inconvénients à l’examen de la raison.

Les seuls ouvrages que M. Bouvart ait publiés à part, sont dans le genre polémique, genre où les succès passagers sont si communs, et les succès durables si rares ; où il est si difficile de ne pas affaiblir l’estime pour son caractère, même en augmentant la célébrité de ses talents.

Un médecin étranger, appelé en France comme incubateur, y excita bientôt le plus grand enthousiasme. Sa manière de traiter, absolument différente de celle des médecins français, devait attirer à lui tout malade mécontent du sien ; la nouvelle méthode devait leur plaire et les surprendre, il y entrait plus de régime et de consolations que de remèdes : à ses efforts pour guérir le malade, le médecin joignait des soins pour l’empêcher de souffrir ; il voulait que le traitement fut doux, que la convalescence ne fût point pénible. Des succès donnèrent bientôt à une méthode séduisante en elle-même, une confiance presque générale. M. Bouvart ne pouvait l’approuver ; la sienne était aussi active que celle de M. Tronchin était patiente ; il voulait détruire la maladie et non la laisser s’éteindre, l’attaquer dès son principe avec toutes les forces de l’art, sauver sûrement le malade, et laisser ensuite au temps le soin de réparer ses forces épuisées par le mal ou par les remèdes. Au milieu de ce combat entre la médecine française et la médecine étrangère, M. Tronchin fit paraître un traité sur la colique du Poitou. M. Bouvart le réfuta, et son ouvrage pourrait être cité comme un modèle en ce genre, si l’auteur eût su répandre sur