qu’une entreprise utile au perfectionnement des
connaissances humaines ou de l’instruction publique,
et les libraires qui n’y voyaient qu’une affaire
de commerce. M. l’abbé de Gua, que le malheur
n’avait rendu que plus facile à blesser et plus inflexible, se dégoûta bientôt, et abandonna ce travail
de l’Encyclopédie. Mais il avait eu le temps d’en
changer la forme ; ce n’était plus une simple traduction
augmentée, c’était un ouvrage nouveau, entrepris
sur un plan plus vaste. Au lieu d’un dictionnaire
élémentaire des parties des sciences les plus
répandues, les plus usuelles, ouvrage utile en
lui-même, et qui nous manque, M. l’abbé de Gua
entreprit de réunir, dans un dépôt commun, tout
ce qui formait alors l’ensemble de nos connaissances.
Il avait su de plus intéresser au succès de ce travail,
et engager à y concourir plusieurs hommes
célèbres dans les sciences et dans les lettres, MM. de
Fouchy, le Roy, Daubenton, Louis, de Condillac,
de Mably ; enfin, MM. D’Alembert et Diderot, à qui
depuis nous avons dû ce monument si honorable
pour notre nation et pour notre siècle. Si M. l’abbé
de Gua n’a point eu de part au mérite de l’exécution,
celui d’en avoir eu la première idée lui donne
des droits à la reconnaissance des savants : ils connaissent toute l’utilité de cette espèce d’inventaire de nos connaissances, si propre à en faire sentir l’étendue et les bornes, les liaisons et les besoins ; et ils ne sont point blessés des défauts que doit renfermer un ouvrage destiné, par sa nature, à se perfectionner
à chaque génération, et à paraître toujours
trè-
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ÉLOGE DE M. L’ABBÉ DE GUA.