ils n’y réussiront pas. L’idée du genre de mort qui
devait terminer sa vie ne le quittait pas, mais n’altérait en rien sa gaieté : il venait assidûment à l’Académie, allait seul à pied, avec la précaution seulement d’avoir dans sa poche une adresse détaillée,
afin qu’on pût le rapporter chez lui ; il refusait de
dîner chez ses amis, allait rarement les voir, et alléguait tranquillement pour excuse la crainte de les
affliger par le spectacle de sa mort. Le 1er janvier de l’année 1786, il écrivit à une dame de ses amies :
« Une maladie qui me sépare de la société m’empêche
de vous rendre mes devoirs ; mais mon
attachement pour vous sera toujours le même
jusqu’au coup fatal qui terminera bientôt ma
carrière ; » et il mourut six jours après, âgé de
soixante et onze ans.
Je n’ajouterai rien à ce simple tableau des travaux et de la vie de M. Guettard, et je laisse à juger quelle idée on doit avoir d’un homme qui, sans ménagement dans les discours qui échappaient à son humeur, s’était brouillé plus d’une fois avec chacun de ses amis, et avait toujours fini par les aimer, par en être aimé davantage ; qui, ayant blessé dans la dispute la plupart de ses confrères, avait conservé l’amitié de plusieurs, et n’avait jamais pu affaiblir dans aucun l’estime qu’il était impossible de refuser à son caractère et à ses vertus.