brusque, qui avait pour un prince l’attrait de la
nouveauté. A sa mort, il lui laissa son cabinet d’histoire naturelle, et M. Guettard le céda à M. le duc
d’Orléans, son fils, qui lui accorda le titre de garde
de ce même cabinet, avec une médiocre pension et
un petit logement au Palais-Royal. C’en était assez
pour le bonheur d’un savant, dont le seul plaisir
était l’étude, et qui n’avait jamais conçu que la
place qu’on occupe dans la société pût ajouter de
nouveaux besoins à ceux auxquels la nature a soumis
tous les hommes. Sa dépense resta la même après
les faibles accroissements que reçut sa fortune toujours
très-modique, et il ne s’aperçut qu’il était un
peu plus riche, que par le plaisir de faire plus de
bien.
Les autres événements de la vie de M. Guettard ont été ses voyages, soit dans nos provinces, soit dans les pays étrangers ; il en a donné des relations, où, bien différent de la plupart des autres voyageurs, il parle beaucoup plus de ce qu’il a vu que de lui-même. Dans tous, il acquit des amis, mérita l’estime publique, et se fit quelques querelles ; c’était la suite de son caractère : la franchise, la probité et la bonté en étaient le fond ; mais un peu de brusquerie, un penchant à l’humeur, étaient à ces vertus une partie de leurs charmes, et pouvaient quelquefois les faire méconnaître.
Il avait été très-religieux dès sa jeunesse, et le fut toute sa vie : élevé successivement chez les jésuites et chez les adversaires des jésuites, il avait embrassé avec zèle le parti qui lui paraissait persé-