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ÉLOGE DE M. DE PRASLIN.


constitution rendait inévitable, et qu’il pourrait plus facilement réparer par une plus grande activité, dans les intervalles de ses souffrances, le temps quelles auraient enlevé à ses devoirs.

Établir dans un corps d’officiers destinés à exercer un art difficile et compliqué, ce goût de l’instruction et cette étude delà théorie, nécessaires pour empêcher la valeur de rester inutile ou de devenir dangereuse, et la pratique de dégénérer en routine, d’inspirer des préjugés ou de les rendre indestructibles ; faire exécuter ces voyages, qui, utiles à la perfection de la géographie, comme au progrès des sciences, servent encore à exercer les marins en temps de paix, et à soutenir leur émulation ; réparer les maux que la guerre avait faits à nos colonies et au commerce maritime ; se préparer enfin une marine puissante, qui pût se soutenir contre celle de l’Angleterre, et cependant ne pas réveiller, par des constructions faites avec trop d’éclat, la jalousie de cette puissance : tel était le plan que se forma M. le duc de Praslin. Les faits seuls doivent prouver s’il l’a rempli.

Les élèves de la marine furent soumis à un examen sévère, et on exigea d’eux, pour être admis, toutes les connaissances préliminaires qu’un savant, exercé dans la théorie, jugea pouvoir être utiles. Les professeurs fuient multipliés, et le choix en fut confié à l’examinateur que l’intérêt de sa considération personnelle devait engager à n’en proposer que de bons. M. de Praslin appela dans le corps de la marine, en le dispensant de passer par les grades