et de lui enlever cet empire des mers, sur lequel
elle affectait depuis longtemps un droit chimérique.
Ce droit, devenu réel par le fait, ne pouvait que
soulever les autres nations, et les engager à seconder
ou du moins à souffrir les efforts que ferait la
France pour la liberté commune. Aussi M. de Praslin
ne négligea rien pour inspirer, aux diverses
puissances de l’Europe, de la confiance dans les
vues équitables et modérées de la France ; pour
détruire les préventions que nos malheurs, et notre
zèle trop ardent pour les intérêts de nos alliés,
avaient pu donner à quelques-unes. Il y réussit, et
un an seulement après la paix, le roi de Prusse
rendit un témoignage honorable à sa probité, à sa
franchise dans les affaires, à ses intentions droites
et pacifiques.
Mais la place de ministre des affaires étrangères exigeait un travail réglé, et la santé de M. le duc de Praslin ne lui permettait pas de s’y livrer. Quoiqu’il fût attaché à ses devoirs, qu’il eût naturellement du courage et de l’empire sur lui-même, il éprouvait souvent, sans avoir aucune maladie grave, une difficulté de s’occuper ou d’agir, qu’il lui était impossible de surmonter ; plus d’une fois il avait demandé au roi sa retraite, mais toujours inutilement : enfin, on lui proposa le ministère de la marine, que M. le duc de Choiseul devait quitter pour reprendre celui des affaires étrangères. M. le duc de Praslin accepta ce nouveau département, parce qu’il sentait que les affaires y souffriraient moins d’une interruption de travail que sa