conquête flattait le plus l’orgueil de nos ennemis,
qui ne nous offrait que des avantages éloignés, qui
pouvait enfin devenir dangereuse pour ses nouveaux
maîtres. Ainsi le Canada, avec ses dépendances,
fut laissé aux Anglais : en le restituant à la
France, l’Angleterre se fût assuré un moyen de
nourrir, par la rivalité qui s’établit entre deux nations
voisines, la haine des Américains pour le
seul allié qui put les aider à défendre leur indépendance
contre la mère patrie, et de les attacher
à elle par la crainte de la domination d’un peuple
dont les lois ne pourraient convenir à des hommes
qui n’avaient quitté l’Europe que pour jouir de
l’égalité politique et de la liberté religieuse. D’un
autre côté, cette même crainte du voisinage des
Français pouvait arrêter les chefs de la nation
anglaise, s’ils étaient un jour assez imprudents pour
essayer d’imposer un nouveau joug à un peuple
qui ne portait déjà qu’avec une impatience menaçante
celui auquel il était soumis. Aussi les ministres
anglais avouèrent-ils que c’était à regret que, en
abandonnant leurs conquêtes dans les Antilles pour
garder le Canada, ils cédaient à l’opinion populaire,
qu’une constitution orageuse les forçait de ménager.
À la vérité, la France, déjà justement affligée
de ces sacrifices nécessaires, vit, avec un sentiment
d’indignation, détruire encore une fois les travaux
de Dunkerque, et un commissaire de la Grande-Bretagne
exercer dans une de nos villes son autorité
étrangère. Mais cette condition, exigée par la
paix d’Utrecht, et à laquelle on s’était soumis à
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ÉLOGE DE M. DE PRASLIN.