dans l’espérance de concourir avec son ami, à ce
grand ouvrage de la paix dont il s’était depuis longtemps
occupé. Il ne put convenir des préliminaires
et les signer qu’au mois de novembre 1762. Peu de
jours après, le roi le créa duc et pair, et il prit alors
le nom de duc de Praslin, nom sous lequel s’était
illustré, dans le dernier siècle, le second maréchal
de Choiseul, qui, après avoir gagné la bataille de
Rethel, contre M. de Turenne, avait vu depuis sa
gloire s’augmenter par tous les triomphes du grand
homme de guerre qu’il avait vaincu.
L’époque de cette paix est la plus importante de la vie de M. de Praslin ; c’est un de ces événements d’après lesquels la voix publique prononce, pour ou contre un homme, un jugement irrévocable, et qui répandent sur le reste de ses actions une teinte qui en relève l’éclat ou qui les ternit, mais que rien ne peut effacer : qu’il me soit donc permis d’entrer ici dans quelques détails. Ces objets, je le sais, sont étrangers à ceux dont l’Académie s’occupe ; mais le titre d’homme, de citoyen, en imposant l’obligation commune de se dévouer au bien de la patrie, donne à tous, par une conséquence nécessaire, le droit d’avoir une opinion sur les intérêts publics, et ce droit est inséparable de celui de la dire. D’ailleurs, si, en faisant l’éloge des savants, nous rendons compte île leurs ouvrages, c’est moins encore pour honorer leur mémoire, que pour exposer aux yeux du public les motifs de notre choix, et les soumettre à son jugement. Ainsi, lorsque nous avons appelé un homme d’État à remplir une des places desti-