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ÉLOGE DE M. DE PRASLIN.


agir de concert et tendre au même but ; mais chaque État avait ses intérêts particuliers, ses opinions, sou système militaire ou politique, ses vues séparées. C’était à Vienne que se préparaient tous les plans, qu’on prenait toutes les résolutions importantes ; que parmi tant d’intérêts différents on cherchait à démêler celui qui pourrait être regardé comme l’intérêt commun, ou du moins auquel on consentirait à en donner le nom. L’ambassadeur de France correspondait non-seulement avec sa cour, mais avec les ministres de sa cour auprès des puissances confédérées, avec les généraux des différentes armées, avec les officiers que le roi avait envoyés dans celles de ses alliés. Il était autorisé à ouvrir toutes les dépêches adressées au ministre de France, et toutes celles que ce ministre avait expédiées et qui passaient parvienne ; à joindre aux unes ses réflexions, à faire aux autres les changements qu’il trouverait convenables ; enfin à donner, au nom du roi, des ordres provisoires, lorsque le retard nécessaire pour avoir une réponse de Versailles lui paraissait dangereux.

Pendant les deux années que dura l’ambassade de M. de Praslin, les événements de la guerre, en augmentant le besoin que la France avait de la terminer, lui enlevaient même l’espérance de faire une paix avantageuse. La situation de ses alliés était différente, et il fallait les obliger à montrer qu’ils voulaient la paix, à le prouver par des démarches non équivoques ; car il est presque convenu en politique d’en affecter toujours le désir ; espèce d'hom-