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ÉLOGE DE M. DE PRASLIN.


de précision, de clarté et d’intérêt dans sa correspondance, pour dire tout sans fatiguer par la longueur et l’insipidité des détails.

« Le second objet d’un ambassadeur doit être de se rendre agréable à la cour où il réside, sans cependant s’annoncer pour un homme facile à éblouir ou à tromper ; de s’y attirer une considération personnelle et indépendante de son titre ; de s’v faire des amis, afin d’être informé de ce qui peut intéresser son souverain, par un moyen plus sûr et plus noble que la faible et trompeuse ressource d’un espionnage, toujours avilissant pour celui qui l’emploie ; d’obtenir la confiance du prince et de ses ministres par une juste réputation de franchise et de probité ; d’avoir un maintien également éloigné de la fierté qui révolte et de la familiarité qui dégrade ; enfin de traiter toutes les affaires avec sang-froid, noblesse et fermeté, en se servant quelquefois avec adresse de l’art de la perte suasion, mais en ne paraissant employer que la force de la raison. »

Tel est le tableau des devoirs d’un ambassadeur ; c’est d’après M. de Praslin lui-même, d’après les instructions données par lui à son fils, que nous l’avons tracé ; et ce tableau est celui de sa conduite.

Mais son ambassade à Vienne était plutôt une espèce de ministère qu’une ambassade ordinaire. La France, la maison d’Autriche, la Russie, la Suède, étaient alors réunies contre le roi de Prusse ; une partie des princes de l’Empire avaient embrassé leur querelle : les armées de toutes ces puissances devaient