tions communes, pour que l’esprit humain put aisément s’y plaire et en acquérir facilement l’habitude.
La marche même des méthodes algébriques
rebutait encore les hommes les plus propres à ces
méditations ; pour peu que l’objet qu’on poursuit
soit compliqué, elles forcent de l’oublier totalement,
pour ne songer qu’à leurs formules ; la route qu’on
suit est assurée ; mais le but où l’on veut arriver, le
point d’où l’on est parti, disparaissent également
aux regards du géomètre ; et il a fallu longtemps du
courage pour oser perdre la terre de vue, et s’exposer
sur la foi d’une science nouvelle. Aussi, en jetant
les yeux sur les ouvrages des grands géomètres du
siècle dernier, de ceux même auxquels l’algèbre doit
les découvertes les plus importantes, on verra combien
peu ils étaient accoutumés à manier ce même
instrument qu’ils ont tant perfectionné ; et l’on ne
pourra s’empêcher de regarder comme l’ouvrage de
M. Euler, la révolution qui a rendu l’analyse algébrique
une méthode lumineuse, universelle, applicable
à tout, et même facile.
Après avoir donné sur la forme des racines des équations algébriques, sur leur solution générale, sur l’élimination, plusieurs théories nouvelles, et des vues ingénieuses ou profondes, M. Euler porta ses recherches sur le calcul des quantités transcendantes. Leibnitz et les deux Bernoulli se partagent la gloire d’avoir introduit dans l’analyse algébrique les fonctions exponentielles et logarithmiques. Cotes avait donné le moyen de représenter, par des sinus ou des cosinus, les racines de certaines équations algébriques.