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ÉLOGE DE M. DE MILLY.


se livrer uniquement aux sciences, et quelques années après, une place d’associé libre dans l’Académie fut la récompense de ce dévouement.

On ne doit pas attendre d’un homme qui, depuis quatorze ans jusqu’à plus de quarante, a vécu dans les garnisons, dans les camps et dans les cours, ces grands ouvrages qui ne peuvent être que le fruit d’un travail constant et suivi, et qui exigent qu’on soit accoutumé dès l’enfance à se rendre maître de son temps, à dominer ses passions et ses goûts, à déployer toutes ses forces. Aussi lorsque M. de Milly a donné ses recherches sur l’activité des dissolvants, auxquels on imprime un mouvement rapide et continu ; sur l’application de cette idée aux effets médicinaux des bains ; sur l’acidité de l’air fixe, alors peu connue et même contestée ; sur la nature du fluide aériforme qui se dégage des pores du corps humain lorsqu’il est plongé dans l’eau ; sur l’emploi d’une chaleur graduée et soutenue dans l’analyse animale et végétale ; sur les couleurs que les préparations de platine peuvent fournir à la peinture ; enfin sur la revivification des chaux métalliques par l’électricité, il eût été injuste de se plaindre qu’il se bornât à présenter de simples essais, et on a dû applaudir aux vues ingénieuses ou utiles que ces essais renferment.

Nous devons à M. le comte de Milly l’art du poêlier. Cet art est proprement celui d’employer toute la chaleur que peut donner une certaine masse de combustible à échauffer l’air d’un appartement ou d’une maison, et d’obtenir, dans toutes les parties