Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 3.djvu/182

Cette page n’a pas encore été corrigée
170
ÉLOGE DE M. CASSINI.


conduisaient à supposer à notre globe une forme aplatie, la seule qui put s’accorder avec la théorie newtonienne. Il paraissait donc nécessaire de vérifier de nouveau les anciennes mesures, et surtout celle de la base, quoique exécutée par Picard, puisque toutes les autres en dépendaient. MM. Cassini s’en chargèrent, y découvrirent une erreur de quelques toises ; et Jacques Cassini, après avoir longtemps combattu contre l’aplatissement de la terre, eut le mérite d’avoir contribué à détruire la seule objection raisonnable qu’on pût opposer à cette opinion.

En même temps que les astronomes vérifiaient, corrigeaient toutes ces mesures, ils prolongeaient à l’orient et à l’occident de Paris la perpendiculaire à la méridienne. On avait aussi formé le projet de faire une description géométrique de la France. Le jeune Cassini s’occupa de ces travaux avec toute l’activité de son âge. Il conçut le plan plus étendu de ne pas borner cette description à la détermination des points des grands triangles qui devaient embrasser toute la surface du royaume, mais de lever le plan topographique de la France entière, de déterminer, par ce moyen, la distance de tons les lieux à la méridienne de Paris et à la perpendiculaire à cette méridienne. Jamais on n’avait formé en géographie une entreprise plus vaste et d’une utilité plus générale. C’était, en effet, un préliminaire absolument nécessaire pour parvenir à une connaissance approfondie et détaillée de la France. On ne se bornait pas à marquer sur la carte tous les objets, même jusqu’à des chaumières isolées ; on devait y figurer les ter-