état en s’abandonnant à son goût pour la chimie. Il
vit ce jeune homme, fut surpris des recherches ingénieuses auxquelles il avait pu se livrer dans un
laboratoire particulier, que, malgré la médiocrité de
sa fortune et la gène à laquelle il était soumis, il
avait su se former : cet élève était M. Schéelle.
M. Bergman, instruit de cet événement, voulut voir
ce jeune homme, fut étonné de ses connaissances,
de ses dispositions heureuses : ce génie naissant ne
put échapper à la sagacité d’un maître habile ; dès
ce moment M. Schéelle fut son disciple chéri, bientôt
son digne émule, et toujours son ami. Au lieu
d’affecter sur lui cette supériorité à laquelle un
maître renonce avec tant de peine, M. Bergman se
trouvait assez grand pour ne vouloir que l’égalité ; et
loin de chercher à s’arroger quelque droit sur les
travaux de M. Schéelle, on lit dans ses lettres à des
chimistes étrangers, qu’il voyait avec une véritable
douleur que l’erreur les lui attribuât quelquefois.
Sa conduite à cet égard fut la même pour tous ses
disciples ; exact à les citer, ardent et habile à faire
valoir leurs travaux, il allait au delà même de la justice rigoureuse, qui malheureusement aurait encore
été un mérite.
La célébrité de M. Bergman lui avait fait des disciples dans toutes les contrées de l’Europe. En France, nous citerons en particulier deux magistrats qui honorent la magistrature par leurs lumières, par leur zèle ardent et éclairé pour le progrès des sciences, par le courage avec lequel ils se sont élevés au-dessus des préjugés, et qui en même temps ont fait hon-