ceux qu’il observa ne se trouvaient point classés dans
les ouvrages de Linné. M. Bergman en forma une
petite collection, et la fit remettre à cet homme illustre, qui alors habitait Upsal. M. Bergman n’avait
pas osé se présenter à lui pendant son premier séjour.
Cette discrétion est un sentiment bien naturel
dans un jeune homme qui, frappé d’un juste respect
pour le génie, ne se croit pas digne encore de
l’approcher, mais nourrit au fond de son cœur l’espérance
de mériter un jour d’attirer ses regards. Cet
hommage fut d’autant plus agréable à Linné, que le
jeune naturaliste avait eu le bonheur de rencontrer
des espèces curieuses et réellement inconnues.
Lorsque la santé de M. Bergman fut rétablie, il obtint la permission de retourner à Upsal, avec une liberté entière de cultiver les mathématiques, la physique, l’histoire naturelle. Il s’y était ménagé l’avantage d’être connu du savant dont le nom célèbre y éclipsait alors les autres noms. Ainsi, cédant à cet empire que la gloire et le génie exercent sur tout ce qui les environne, M. Bergman ne parut d’abord aimer que l’histoire naturelle ; elle fut l’objet de ses premiers travaux, et son premier mémoire fut une découverte On ignorait la nature d’un corps qui se trouve dans quelques eaux, et qui porte le nom de coccus aquaticus. M. Bergman s’aperçut que c’était l’œuf d’une sangsue, œuf qui renfermait dix à douze petits. Linné, auquel il fit part de cette observation, refusa de le croire ; mais M. Bergman le rendit lui-même témoin de ce fait. Alors Linné, après avoir écrit de sa main au bas du mémoire de son élève :