Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 3.djvu/152

Cette page n’a pas encore été corrigée
140
ÉLOGE DE M. BERGMAN.


de se rendre à Upsal. Un de ses parents fut chargé de veiller sur sa conduite. Bien loin d’avoir besoin de l’exhorter au travail, le surveillant se vit bientôt obligé de modérer son ardeur, et surtout de l’empêcher de cultiver les sciences physiques. L’université d’Upsal embrasse les connaissances humaines dans toute leur étendue ; et ceux qui s’y appliquent à la théologie, au droit public, à la jurisprudence, peuvent espérer des places importantes et une grande fortune, tandis que les succès dans l’étude des mathématiques et de la physique ne sont récompensés que par un peu de gloire. M. Bergman préférait cependant ces dernières études, et cette préférence imprudente était l’objet des remontrances de son parent ; remontrances auxquelles il ne put échapper qu’en imaginant un moyen de cacher subitement ses livres de physique, lorsqu’il était surpris, pour ne laisser voir que ceux qu’il lui était permis d’étudier. Cette nécessité d’acquérir dans des genres auxquels il ne se livrait qu’avec dégoût, assez de connaissances pour persuader qu’il en avait été uniquement occupé, et cacher les progrès plus grands qu’il faisait dans les sciences de son choix, altéra promptement sa santé ; et au bout d’une année, il fut obligé de retourner dans sa famille et de joindre aux études sédentaires un exercice de corps habituel, qui seul pouvait rétablir et fortifier sa constitution. Mais il voulut que cet exercice servît encore à l’instruire ; il avait étudié la botanique avant d’aller à Upsal ; il reprit cette étude dans sa retraite, et y joignit celle des insectes. Plusieurs de