de se rendre à Upsal. Un de ses parents fut chargé
de veiller sur sa conduite. Bien loin d’avoir besoin
de l’exhorter au travail, le surveillant se vit bientôt
obligé de modérer son ardeur, et surtout de l’empêcher
de cultiver les sciences physiques. L’université
d’Upsal embrasse les connaissances humaines
dans toute leur étendue ; et ceux qui s’y appliquent
à la théologie, au droit public, à la jurisprudence,
peuvent espérer des places importantes et une
grande fortune, tandis que les succès dans l’étude
des mathématiques et de la physique ne sont récompensés
que par un peu de gloire. M. Bergman préférait
cependant ces dernières études, et cette préférence
imprudente était l’objet des remontrances
de son parent ; remontrances auxquelles il ne put
échapper qu’en imaginant un moyen de cacher subitement
ses livres de physique, lorsqu’il était surpris,
pour ne laisser voir que ceux qu’il lui était
permis d’étudier. Cette nécessité d’acquérir dans des
genres auxquels il ne se livrait qu’avec dégoût, assez
de connaissances pour persuader qu’il en avait été
uniquement occupé, et cacher les progrès plus
grands qu’il faisait dans les sciences de son choix,
altéra promptement sa santé ; et au bout d’une
année, il fut obligé de retourner dans sa famille et
de joindre aux études sédentaires un exercice de
corps habituel, qui seul pouvait rétablir et fortifier
sa constitution. Mais il voulut que cet exercice servît
encore à l’instruire ; il avait étudié la botanique
avant d’aller à Upsal ; il reprit cette étude dans sa
retraite, et y joignit celle des insectes. Plusieurs de
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ÉLOGE DE M. BERGMAN.