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ÉLOGE DE M. MACQUER.

M. Macquersoumit, conjointement avec M. Baume, une quantité assez considérable de platine à des expériences nouvelles, où ils se proposaient d’examiner surtout la fusibilité et la ductilité de ce métal, celles de ses propriétés dont les chimistes s’étaient jusqu’alors le moins occupés. Ils parvinrent à le fondre au miroir ardent d’une manière imparfaite. Quelques morceaux arrondis par la fusion, parurent avoir une véritable ductilité ; et ce fait important, consigné dans nos Mémoires, a soutenu l’espérance des chimistes qui, depuis, ont trouvé des moyens de forger et de travailler cette substance singulière, également intéressante, et par les faits nouveaux quelle présente dans la chimie des métaux, et par l’utilité dont elle deviendra un jour dans les arts.

Un voile épais en couvre encore l’origine et l’histoire ; et, malgré l’abondance de ce métal, le préjugé en refuse à ceux qui veulent l’étudier, et dont heureusement ces obstacles n’ont fait qu’exciter le zèle. On avait cru d’abord que le platine qui peut se mêler avec l’or, s’y unissait si intimement, qu’il était impossible de reconnaître le mélange et de le séparer d’avec l’or. Sans doute, cet inconvénient aurait encore été un motif bien faible pour condamner à une éternelle inutilité une substance que la nature a prodiguée, et qu’à bien des égards il serait difficile de remplacer ; mais cet inconvénient n’existe même plus depuis quarante ans. Cependant, l’opinion de ceux qui possèdent le platine est restée la même ; exemple moins rare qu’on ne croit, et de la lenteur avec laquelle les vérités s’établissent, et de cette fa-