avait permis de s’occuper ni de sa fortune, ni de
celle de sa famille ; et sur la fin de sa vie, il éprouva
des inquiétudes pour ses enfants ; il sentit que
l’homme isolé et dégagé de tout bien a seul la liberté
de se livrer sans réserve à ce que l’élévation
de son âme lui inspire ; il eut des remords, ou du
moins des regrets de l’avoir portée trop loin : heureusement l’amitié de ses confrères
avait tout réparé ; peu de temps avant sa mort, il apprit que l’Académie lui avait accordé une gratification sur les fonds dont elle dispose, et sollicitait auprès du gouvernement une pension pour ses enfants. A peine pouvait-il encore faire entendre quelques sons ; mais la joie que lui inspira cette nouvelle ranima ses traits, que l’approche de la mort avait effacés, et il expira en
jetant sur ses enfants, qui pleuraient autour de lui,
un regard tendre et serein, dont aucune amertume
n’empoisonnait plus la douceur.
Il mourut le 13 décembre 1783, âgé de soixante-six ans.
L’Académie de Suède lui a fait frapper une médaille, honneur qu’elle ne rend qu’à ses membres les plus illustres.
ÉLOGE DE M. MACQUER.
Pierre-Joseph Macquer, docteur-régent de la faculté de médecine de Paris ; professeur de chimie au Jardin du Roi ; pensionnaire de l’Académie des scien-