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ÉLOGE DE M. WARGENTIN.


une exactitude à laquelle on n’eût osé s’attendre : à la vérité, elle n’était pas égale pour toutes ; mais la théorie, en prouvant depuis qu’une équation d’un seul ternie ne peut suffire à représenter les phénomènes dans les cas où celle de M. Wargentin s’en éloigne, a fait voir en même temps qu’il serait injuste d’attribuer à l’auteur de cette découverte une imperfection qui naît uniquement de la nature du problème.

C’est en 1746 que M. Wargentin donna ses premières équations empiriques, il n’avait alors que vingt-neuf ans ; trois ans après, en 1749, l’Académie de Stockholm le choisit pour son secrétaire : il a rempli cette place pendant trente-quatre ans. Un goût éclairé pour toutes les sciences, qui lui faisait pardonner sa préférence pour les mathématiques ; la douceur, la simplicité et la modération de son caractère, moyens plus sûrs que l’adresse pour concilier ou ménager des amours-propres opposés ; son activité pour publier, pour répandre promptement les ouvrages de ses confrères, aux dépens même des travaux particuliers qui n’eussent illustré que lui ; son zèle pour le progrès des sciences, et cette espèce d’abandon de sa propre renommée, pour ne paraître occupé que de la gloire commune ou de futilité générale ; une dignité modeste qui savait faire respecter les sciences, mais sans armer contre elles, en paraissant trop exiger, les préjugés encore puissants et dangereux ; une probité rigoureuse qui rassurait même contre les effets de ces préventions auxquelles la vertu la plus pure n’échappe pas tou-