mer M. D’Alembert d’avoir changé sa manière : d’ailleurs, le ton dans les ouvrages, comme dans la société, doit naturellement changer avec l’âge ; on exige d’un jeune homme un maintien plus soigné,
une attention sur lui-même toujours soutenue ; on
pardonne à un vieillard plus de familiarité et de négligence ; on veut que l’un marque par toutes ses
manières les égards qu’il doit à ceux qui l’environnent ;
on ne demande à l’autre que d’intéresser ou
de plaire : ainsi, dans les premiers ouvrages d’un
écrivain, on exige avec raison qu’il montre, par son
attention à soigner, à soutenir son style, le désir
qu’il a de mériter le suffrage de ses lecteurs ; mais
lorsque sa réputation est consommée, lorsque son
âge et ses travaux lui ont donné le droit de regarder
comme ses disciples une partie de ceux qui le lisent
ou qui l’écoutent, alors il peut se négliger davantage
s’abandonner à tous ses mouvements, et traiter
ses lecteurs plutôt comme des amis que comme
des juges.
La partie de cet ouvrage, qui a déjà été publiée, nous assure que ce recueil sera un monument précieux pour l’histoire littéraire, et un de ces livres si rares, où les hommes qui craignent l’application, mais qui aiment la vérité et les lettres, peuvent trouver des leçons utiles de philosophie, de morale et de goût.
On peut juger du caractère des grands hommes par la liste de leurs amis, et malheureusement cette liste a paru prouver quelquefois qu’ils aimaient mieux des flatteurs que des amis véritables, comme si l’idée de l’égalité les eût fatigués : cependant, si