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ÉLOGE DE M. D’ALEMBERT.


même été ses premiers essais ; celui de Montesquieu était digne de l’homme illustre à qui ce monument était consacré. L’article Éloge, dans l’Encyclopédie, contient des préceptes excellents sur les éloges historiques ; ces préceptes, dictés par la raison et par le goût, font sentir toute la difficulté de ce genre d’ouvrage, et doivent décourager ceux qui, honorés de cette fonction par une compagnie savante, sentent combien ils restent au-dessous et des leçons que leur donne M. D’Alembert, et des exemples qu’il leur a tracés.

Les premiers éloges de M. D’Alembert sont écrits d’un style clair et précis, tantôt énergique, tantôt piquant et plein de finesse, mais toujours noble, rapide, soutenu. Dans ceux qu’il a faits pour l’histoire de l’Académie française, il s’est permis plus de simplicité, de familiarité même ; des traits plaisants, des mots échappés à ceux dont il parle, ou dits à leur occasion, un grand nombre d’anecdotes propres à peindre, ou les hommes ou les opinions de leur temps, donnent à ces ouvrages un autre caractère ; et le public, après avoir encouragé cette liberté par des applaudissements multipliés, parut ensuite la désapprouver. Nous osons croire qu’avant de prononcer si cette sévérité n’a pas été injuste, il faut avoir lu tout l’ouvrage ; en effet, si dans une suite d’éloges, ce ton familier rend la lecture de la collection plus facile ; si cette liberté d’entremêler des plaisanteries ou des anecdotes à des discussions philosophiques et littéraires, augmente l’intérêt et le nombre des lecteurs, alors il serait difficile de blâ-