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ÉLOGE DE M. D’ALEMBERT.


nions communes, mais aussi dont il croyait plus utile que les rois fussent convaincus ; il avait l’art de plaire aux princes qui l’écoutaient, en défendant devant eux la cause de l’humanité, et savait leur rendre les sciences respectables, en leur montrant que leur gloire véritable, leur puissance, leur sûreté même, dépendent plus qu’on ne croit de l’instruction répandue dans toutes les classes de leurs sujets, et que, par une révolution dont l’origine remonte à l’invention de l’imprimerie, et dont rien ne peut plus arrêter les progrès, la force, les richesses, la félicité des nations, sont devenues le prix des lumières.

En 1772, M. D’Alembert fut nommé secrétaire de l’Académie française, dont il était membre depuis 1754, et il s’imposa un devoir que ses prédécesseurs avaient jusqu’alors négligé, celui de continuer l’histoire de cette compagnie. Il s’engagea donc à écrire la vie de tous les académiciens morts depuis 1700 jusqu’en 1772 ; l’obscurité de quelques-uns, l’esprit de parti qui exagérait ou rabaissait la réputation de plusieurs, le contraste du jugement de la postérité et de l’opinion des contemporains, la grande variété des talents par lesquels chacun d’eux s’était distingué : toutes ces difficultés auraient pu arrêter un écrivain moins zélé pour la gloire de l’Académie, ou moins sûr de les vaincre ; elles ne firent qu’exciter l’ardeur de M. D’Alembert, et dans l’espace de trois ans, près de soixante-dix éloges furent achevés. Il s’était auparavant exercé dans le même genre ; les éloges de Jean Bernoulli et de l’abbé Terrasson avaient