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ÉLOGE DE M. D’ALEMBERT.


l’événement contraire : il fait voir que ces conclusions, opposées entre elles, sont la conséquence de trois méthodes de raisonner qui paraissent également justes, également naturelles.

Il examine la règle qui prescrit de faire les avantages en raison inverse des probabilités, et montre combien, dans une foule d’exemples, les conclusions déduites de ce principe semblent en contradiction avec celles où le simple bon sens aurait conduit ; il prouve que les moyens employés par plusieurs géomètres, pour détruire cette contradiction, ont été insuffisants ; lui-même en propose de nouveaux, mais il a soin d’en remarquer également les difficultés et les exceptions.

Dans l’application de ce calcul à l’inoculation, M. D’Alembert fait sentir que, s’il est facile de prouver combien cette opération est utile pour la société en général, le calcul de l’avantage dont elle peut être pour chaque particulier exige d’autres principes : en effet, il s’agit pour chacun de s’exposer à un risque certain et présent, pour éviter un risque plus grand, mais éloigné et incertain ; et cette circonstance paraît changer la nature de la question. M. D’Alembert n’a pas donné la solution du problème envisagé sous ce point de vue ; car celle qu’il propose, et qui consiste à comparer le risque de mourir de l’inoculation dans un court espace de temps, à celui d’être attaqué de la petite vérole naturelle, et d’en mourir aussi dans un temps très-petit, donne seulement une limite au-dessous de laquelle le risque que court un inoculé n’empêche pas