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ÉLOGE DE M. D’ALEMBERT.


aussi ne manqua-t-elle pas d’augmenter la haine que les deux partis avaient contre lui. Cette haine se signala par des libelles dont les auteurs ne prouvaient qu’une seule chose, c’est que M. D’Alembert avait eu raison dans ce qu’il avait dit de leur parti ; ils répondaient à l’accusation d’être fanatiques, en laissant échapper naïvement les traits du fanatisme le plus emporté et le plus stupide, et M. D’Alembert ne crut pas devoir répondre à des adversaires qui savaient si bien défendre sa cause.

Après avoir donné ses Recherches sur le système du monde, il n’entreprit plus de grands ouvrages mathématiques, mais il publia dans les recueils des académies dont il était membre, et dans neuf volumes d’opuscules, un nombre très-grand de mémoires ; on y trouve l’application de ses principes et de ses méthodes au problème de la libration de la lune, à ceux de la précession des équinoxes et de la nutation de l’axe de la terre dans l’hypothèse de la dissimilitude des méridiens, aux lois générales du mouvement de rotation, à celles des oscillations des corps plongés dans les fluides ; il y perfectionne sa théorie des fluides et sa solution du problème des trois corps ; il y étend ses méthodes de calcul : mais nous devons nous arrêter ici seulement aux objets entièrement nouveaux, qui ont été alors le sujet de ses méditations.

Les mathématiques offrent souvent des questions où les résultats présentent des difficultés que le calcul ne peut résoudre seul ; il faut qu’il emploie le secours quelquefois dangereux de la métaphysique :