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ÉLOGE D’HUYGHENS.


comme si l’on ne pouvait tirer parti des hommes qu’en leur proposant des espérances chimériques.

Si l’on ajoute à tant de découvertes, qu’on doit à Huyghens, la première idée du micromètre ; des méthodes plus simples dont il a enrichi la géométrie de Descartes ; des théorèmes élégants sur la cycloïde, sur la logarithmique, et sur d’autres courbes ; un grand nombre d’observations intéressantes ; des machines ingénieuses, on aura une idée de sa vie ; car elle n’a guère eu d’autres événements que ces découvertes, et la gloire qu’elles lui ont méritée.

On sait seulement que, dès son enfance, il annonça ce qu’il devait être un jour. À neuf ans, il savait l’arithmétique, la géographie et la musique, sans que, pour les apprendre, il eût négligé l’étude du latin et du grec. Son talent pour la mécanique commença à se développer dès l’âge de treize ans ; déjà il connaissait les machines, et osait même essayer d’en construire.

Les talents médiocres, ou bornés exclusivement à un seul genre, peuvent être tardifs ; mais les grands talents sont toujours précoces, parce qu’ils sont le résultat de la force, de l’étendue et de la sagacité réunies, et que ces qualités n’ont pas besoin, pour se montrer, d’un concours de circonstances particulières.

Le premier maître de mathématiques d’Huyghens fut un Flamand nommé Stampioen [1] . L’auteur de la Vie de notre géomètre ne le désigne pas autrement,

  1. Voyez sur Stampioen la Vie de Descartes.