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ÉLOGE D’HUYGHENS.


avantages aussitôt qu’il les a bien connues, et même il a employé le calcul différentiel pour un problème qu’il a résolu dans les Actes de Leipzig de 1693. Il y dit expressément que, sans ce calcul, il aurait eu peine à surmonter les difficultés du problème : c’était celui de la courbe, dont les tangentes ont un rapport constant avec les parties de l’axe.

Ces espèces de défis que les géomètres se proposaient alors, et qui tiennent une si grande place dans l’histoire littéraire du siècle dernier, ne subsistent plus. Alors les méthodes analytiques, encore peu connues, n’étaient un instrument utile qu’entre les mains du génie : celle des anciens, celle de Descartes et l’analyse différentielle, avaient chacune des partisans, qui, en résolvant les problèmes de leurs adversaires, voulaient prouver à la fois la supériorité de leurs méthodes et celle de leurs talents. Les principes généraux du mouvement étaient encore inconnus, et pour chaque problème il fallait créer un principe particulier. Enfin, ces premières applications des méthodes nouvelles étaient des problèmes simples, qui demandaient beaucoup de méditation, mais peu de calculs, et conduisaient à des résultats courts et précis.

Maintenant que la science du mouvement, grâce au principe de M. D’Alembert, est une science de pur calcul, que les méthodes, qui étaient un secret, sont devenues presque populaires, et que les applications les plus simples ont été épuisées, il faut ou inventer de nouvelles méthodes, ou chercher, dans de longues et laborieuses applications, des résultats