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ÉLOGE D’HUYGHENS.


ghens la connût à fond, et que même il l’eût perfectionnée, il a préféré la méthode des lignes, dont une force de tête peu commune ne lui permettait guère de sentir les inconvénients, et à laquelle il tenait, soit par préjugés, soit parce que cette méthode, agissant toujours sur les choses mêmes, et non sur des signes qui les représentent, elle ait réellement l’avantage d’être en quelque sorte plus lumineuse et de satisfaire plus pleinement l’esprit.

D’ailleurs, le plus grand désavantage de la méthode des anciens, celui qui assure la supériorité de l’analyse moderne, de la manière la plus incontestable, c’est que l’ancienne, par sa nature même, ne peut jamais donner que des solutions particulières. Or, parmi les problèmes qui dépendent du calcul intégral, et dont la solution générale contient des arbitraires, il y en a où l’on ne peut tirer la solution générale de celle que donne la méthode des anciens : tels sont les problèmes sur les oscillations d’une ligne fluide élastique, ou d’une corde vibrante, pour lesquels Newton et Taylor n’ont donné, par la méthode synthétique, que des solutions incomplètes ; mais il y a d’autres problèmes où la solution particulière donnée par l’analyse ancienne, conduit facilement à la solution générale : tels étaient tous les problèmes proposés à Huyghens, et qu’il résolut par cette analyse. Ainsi, la préférence qu’il lui accordait n’a pu nuire à ses solutions, et il a eu seulement le mérite d’avoir plus de difficultés à vaincre.

Cependant Huyghens n’a point négligé d’apprendre les nouvelles méthodes ; il est convenu de leurs