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ÉLOGE D’HUYGHENS.


nombre de coups, approcher aussi près qu’on voudra de la sorte de parité qui peut avoir lieu entre ces deux états.

Huyghens avait fait cet ouvrage dès 1657, et même il avait été imprimé alors à la suite d’un ouvrage de Schooten [1], avant que personne eût rien publié sur cette matière. Ainsi Huyghens peut prétendre, avec autant de droit que Pascal, à la gloire d’avoir inventé cette application de l’analyse, qui semble assujettir à des lois fixes, et soumettre au calcul les règles de la prudence humaine et les motifs de nos actions.

Huyghens résolut, en même temps que Leibnitz et les Bernouilli, les problèmes célèbres de la courbe aux approches égales, et de la chaînette. Ces problèmes renfermaient la double difficulté de les mettre en équation, et de résoudre ensuite cette équation, qui ne pouvait se présenter d’abord sous une forme finie. Cette seconde difficulté était peu de chose pour les géomètres qui employaient le calcul intégral, parce que leur équation différentielle était assez simple. Mais Huyghens n’avait point cette ressource, et dans ses solutions, comme dans ses autres ouvrages, il n’a employé que la méthode des anciens, pour les problèmes qui appartiennent au calcul intégral.

La méthode de Descartes était cependant devenue, entre les mains de Wallis, un instrument plus simple que celle des anciens ; mais quoique Huy-

  1. Exercitationes mathematicœ.