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ÉLOGE D’HUYGHENS.


également isochrones. Hook, célèbre mathématicien anglais, avait eu la même idée, et il l’exécuta à peu près dans le même temps.

On voit combien l’art de l’horlogerie, pour être porté à un certain degré d’exactitude, demandait de découvertes dans la géométrie et dans la mécanique. Le génie d’Huyghens suffit à tout : cet exemple frappant doit fermer la bouche à ceux qui, ne connaissant ni les sciences ni leur histoire, se plaisent à répéter que les grandes découvertes dans les arts utiles sont dues au hasard.

Les corps qui sont mus dans un cercle tendent à s’éloigner de son centre, puisque leur direction à chaque instant est celle de la tangente. Huyghens détermina les rapports de cette force, dans des cercles inégaux et pour des vitesses inégales ; et celui de la force centrifuge pour un cercle et une vitesse donnés, avec la force de la pesanteur à la surface de la terre.

Déjà il avait trouvé, par sa théorie des développées, qu’un petit arc d’une courbe quelconque est confondu avec celui d’un cercle qui aurait pour centre l’extrémité du rayon de la développée. Ces deux découvertes se trouvent dans l'Horologium oscillatorium, imprimé en 1673 ; réunies ensemble, elles donnent la théorie des forces centrales. Ainsi Huyghens touchait à la découverte qui a fait la gloire de Newton ; et peut-être ce qu’a fait Huyghens n’est pas ce qu’il y avait de moins difficile.

Le système des tourbillons de Descartes n’avait encore eu que des ennemis ou des zélateurs. Huyghens l’attaqua le premier, avec les armes dont Des-