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ÉLOGE D’HUYGHENS.


rejailliront, chacun de leur côté, avec la vitesse qu’ils avaient avant le choc. De là il cherche ce qui doit arriver si les vitesses et les masses sont inégales ; et c’est après avoir ainsi trouvé ces lois purement en géomètre, qu’il en déduit le principe métaphysique appelé depuis la conservation des forces vives, qu’il démêle en quoi consiste l’erreur de celui de Descartes pour les corps non élastiques, et ce qu’il convient d’y substituer.

L’horlogerie, ou l’art de mesurer le temps à l’aide d’une machine, ne peut être susceptible d’exactitude qu’autant qu’on a un moyen de faire parcourir à un corps des espaces égaux dans des temps égaux. Huyghens vit que si un pendule faisait ses vibrations dans des temps égaux, il pourrait faire répondre à chaque vibration le passage de chaque dent d’une roue chargée de dents également distantes, et qu’il produirait ainsi un mouvement uniforme.

11 fallait donc déterminer la courbe que doit décrire un corps, pour que ses oscillations dans cette courbe, grandes ou petites, soient faites en des temps égaux ; et voilà où en était resté Galilée, qui avait eu, avant Huyghens [1] , l’idée d’appliquer les pendules aux horloges.

Huyghens trouva que la courbe demandée était une cycloïde : cela ne suffisait pas ; il fallait avoir un moyen de faire décrire une cycloïde aux pendules.

Un pendule inflexible, suspendu à un point fixe et mû dans un même plan, ne peut décrire qu’un

  1. Cela est avoué par l'abbé Hautefeuille, dans ses factums contre Huyghens.