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ÉLOGE D’HUYGHENS.


1629, de Constantin Huyghens, secrétaire et conseiller des princes d’Orange [1].

Dans ces temps où les lumières renaissantes excitaient encore plus de reconnaissance que d’envie, on ne croyait pas que le goût des lettres et de la philosophie fût dans un magistrat une distraction inutile ou dangereuse. Ainsi nous ne louerons point Constantin Huyghens d’avoir osé cultiver la poésie latine, et étudié la physique et la géométrie de Descartes ; mais nous le louerons d’avoir eu, quoique homme en place, le courage d’être publiquement l’ami de ce philosophe, faussement accusé d’impiété, et persécuté par un ennemi dangereux.

Ce Voëtius si méprisé aujourd’hui, et qui n’a laissé qu’une mémoire odieuse, jouissait alors de quelque crédit. Il avait auprès du parti dominant le mérite d’avoir contribué, par ses clameurs, à la mort du sage et vertueux Barneweldt.

Le jeune Huyghens avait puisé, dans la maison paternelle, l’amour de la gloire et l’enthousiasme pour les grands hommes. Envoyé à Leyde en 1644, pour étudier en droit, il voulut connaître la géométrie de Descartes. Schooten fut son guide. Bientôt le jeune géomètre enrichit de remarques nouvelles et ingénieuses le commentaire que son maître a donné sur la géométrie de Descartes ; et, dès 1651, il fut en état de relever des erreurs dans le grand ouvrage de Grégoire de Saint-Vincent, géomètre, que les jésuites et les envieux de Descartes voulaient placer à côté de lui.

  1. Ajouter ce qu’il a fait sur les fractions continues ; voir la Vie de Descartes par Baillet.