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ÉLOGE DE M. HUNTER


de la symphyse du pubis. Après avoir traité son sujet en médecin, et avoir fait sentir combien il restait encore de recherches à faire avant de prononcer sur l’utilité de cette opération, M. Hunter examine s’il doit être permis en morale de livrer une mère à une mort presque assurée, dans l’espérance incertaine de conserver à un enfant, qui n’existe pas encore, une vie peut-être de quelques instants ; il prononce en faveur de la mère, c’est-à-dire, de celui des deux individus qui, appartenant à la société par ses liens et par ses devoirs, a dès lors acquis sur elle de véritables droits ; qui souffre à la fois et la douleur physique et tout ce que la prévoyance et la crainte peuvent ajouter à la douleur ; de celui enfin qui, connaissant son existence et pouvant l’apprécier, a sur sa propre vie un droit qui n’est qu’à lui seul, et que personne ne peut lui enlever sans injustice. Cette opinion, que beaucoup d’hommes éclairés ont adoptée, M. Hunter est le premier qui ait eu le courage de la prononcer hautement, sans détour et avec une entière franchise ; il n’a pas craint de s’exposer à tout ce que l’orgueil et l’avarice pouvaient oser contre lui, à l’abri du voile respectable dont les passions les plus basses et les plus cruelles savent si souvent se couvrir avec tant d’habileté.

M. Hunter donnait ses leçons d’anatomie au milieu d’un vaste musée élevé à ses frais ; là, toutes les parties du corps humain, préparées par lui avec un art dont il avait presque seul le secret, étaient présentées aux élèves sous l'aspect le plus propre à en