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ÉLOGE DE M. HUNTER.


paravant deux de leurs malades en avaient été les victimes, et qu’ils les auraient sauvées si les observations de M. Hunter leur avaient été connues.

Il n’a pas rendu moins de service à l’humanité par deux de ses ouvrages d’un autre genre, mais relatifs au même objet : l’un est une dissertation sur l’incertitude des signes de mort violente dans les enfants nouveau-nés. On sait combien, pour ce genre de crime, des femmes innocentes ont été sacrifiées à l’ignorance des juges, et à l’influence qu’a sur eux la prévention populaire ; il était encore plus nécessaire en Angleterre qu'ailleurs de chercher à les éclairer. Les précautions de la jurisprudence anglaise pour assurer aux accusés tous les moyens de se défendre, pour les protéger contre leur propre ignorance, pour les mettre à l’abri de la passion ou de la corruption des juges, font à l’humanité de la nation britannique un honneur que malheureusement trop peu d’autres peuples s’empressent de mériter ; mais les jurés ne sont pas des hommes choisis, comme nos magistrats, parmi ceux qui ont dû faire une étude particulière du devoir qu’ils ont à remplir : ces jurés, tirés au sort parmi tous les habitants d’un canton, dont la réputation est intacte, doivent partager souvent les opinions, les préjugés vulgaires ; et l’expérience a prouvé que lorsqu’ils ont rendu des jugements injustes, c’est presque toujours à cette cause que leur erreur doit être imputée ; mais aussi l’instruction étant publique, un seul homme éclairé suffit pour prévenir l’injustice.

Le second ouvrage est un mémoire sur la section