Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 2.djvu/680

Cette page n’a pas encore été corrigée
660
ÉLOGE DE M. DE VAUCANSON.


ont le même courage manquent rarement de recueillir ; il vit ses soins récompensés par le succès et par la tendresse de sa fille.

Attaqué depuis plusieurs années d’une longue et cruelle maladie, il la supportait avec ce courage tranquille qui adoucit les maux ; conservant toute sou activité, il avait la force de se distraire de ses souffrances. il s’occupait encore dans les derniers jours de sa vie à préparer la description de la machine qu’il avait inventée pour composer sa chaîne sans fin ; il expliquait à des ouvriers formés par lui et dignes d’un tel maître, les moyens qu’il avait imaginés pour exécuter en bois une partie des pièces qui formaient son moulin. Ne perdez point de temps, leur disait-il, je ne vivrai peut-être pas assez pour exposer mon idée en entier. Il jouissait, au milieu de douleurs violentes et presque sans relâche, des dernières marques de l’attachement de tout ce qui lui était cher, d’un petit nombre d’amis, d’une parente qu’une amitié respectable attachait à lui depuis longtemps, et qui ne l’avait point quitté depuis le mariage de sa fille avec M. le marquis de Salvert ; surtout des soins de cette fille chérie qui joignait à la piété filiale le sentiment d’une reconnaissance que son père avait si bien méritée.

Enfin, il termina sa vie et ses souffrances le 21 novembre 1782, laissant un nom qui sera longtemps célèbre chez le vulgaire, par les productions ingénieuses qui furent l’amusement de sa jeunesse ; et chez les hommes éclairés, par les travaux utiles qui ont été l’occupation de sa vie.

Séparateur