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ÉLOGE DE PERRAULT.

L’Observatoire est encore un des ouvrages de Perrault ; on y admire, comme dans la colonnade, ce goût noble et pur que Perrault avait puisé dans son génie, et dont aucun de nos monuments n’avait pu lui donner de modèle. Il avait été chargé de construire l’arc de triomphe de la barrière du Trône ; mais il ne le fit en pierres que jusqu’aux colonnes ; le reste fut élevé en plâtre. On l’a détruit depuis. Lorsqu’on voulut abattre la partie qui était en maçonnerie, il fallut briser les pierres. Un homme qui savait concevoir des monuments d’une beauté vraie, indépendante des opinions, devait aussi savoir bâtir pour l’éternité.

Perrault se chargea dans l’Académie naissante de présider aux travaux de l’histoire naturelle. Il en dressa le plan, et c’est à lui qu’elle doit surtout cet esprit de circonspection et de sagesse qui rejette tout système, et n’admet les faits que lorsqu’ils sont constatés : cet esprit, qui ne s’est point démenti depuis, a valu à l’Académie des sciences une autorité et une réputation attachée au corps même de l’Académie, et indépendante du génie des savants qui la composent.

On a de Perrault trois volumes de mémoires sur l’histoire des animaux : ce ne sont presque que des descriptions anatomiques, qui même ne peuvent servir à l’anatomie comparée, parce qu’elles ne sont point faites sur un même modèle ; mais ces mémoires contiennent beaucoup de faits particuliers, intéressants et nouveaux, et surtout ils ont servi à détruire une foule de préjugés accrédités chez les