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ÉLOGE DE M. DE VAUGANSON


vent prétendre, par lesquelles ils répandent la paix et la joie sur tout ce qui les entoure, sont peut-être celles qui contribuent le plus au bonheur de l’humanité, et dont les motifs sont les plus purs, parce qu’elles ne peuvent trouver leur récompense que dans le plaisir de les exercer. Elles deviennent bien plus touchantes dans ceux qui, livrés à des travaux d’une utilité plus générale, semblent pouvoir acquitter sans elles la dette que tout homme est obligé de payer à la société, et qui, nés avec de grands talents ou placés dans des postes importants, peuvent prétendre à des vertus plus éclatantes. M. de Vaucanson posséda ces vertus domestiques ; il fut bon ami, bon maître, et surtout bon père ; n’ayant qu’une fille qui avait perdu sa mère peu de temps après sa naissance, il voulut suivre lui-même son éducation : il consacrait tous les jours trois heures à remplir ce devoir, ne croyant pas avoir d’occupation plus importante, et n’en connaissant point de plus chère. Il fut l’unique instituteur de sa fille dans ces premières connaissances pour lesquelles on a presque toujours l’imprudence de s’en rapporter à des maîtres pris au hasard ; comme si une funeste expérience n’eût pas prouvé que souvent, avant qu’un enfant ait achevé d’apprendre à lire, les préjugés ont déjà jeté dans son âme des racines que l’éducation la plus soignée ne détruira plus. À ces premières leçons, il joignit toutes celles qu’il crut nécessaires à une femme destinée par la nature à être la première institutrice de ses enfants et le guide de leur jeunesse. M. de Vaucanson obtint le prix que les parents qui