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ÉLOGE DE M. DE VAUCANSON.


de leur gloire et de leur fortune ; il ne faut donc pas s’étonner si ceux dont M. de Vaucanson désapprouvait les machines, presque toujours incapables d’entendre ses motifs, l’accusaient souvent de partialité et d’envie. Nous ne répondrons à cette accusation que par des faits ; il applaudit avec transport au nouveau métier proposé par M, de la Salle : M. Tillet, son confrère et son ami, lui ayant demandé s’il était content de cette invention : Si j’en suis content, répondit-il, je donnerais ce que j'ai fait de mieux pour en être l'auteur. Cependant il n’ignorait pas que M. de la Salle avait hautement approuvé le moulin à organsiner du père Peronnier, qu’on voulait substituer au sien. Nommé pour examiner ce moulin, il avait cru ne pas devoir l’approuver, parce qu’il sentait qu’en lui donnant une marque de confiance si singulière, on avait supposé qu’il préférerait la vérité, même à la gloire de prononcer contre lui dans sa propre cause ; mais il avouait sans peine que ce moulin renfermait une idée ingénieuse, et que la difficulté d’une exécution assez parfaite était le seul motif de sa sévérité.

Il est impossible de concilier de pareils traits avec la passion qu’on lui supposait ; mais rien n’est pi us commun que d’appeler envie, le sentiment involontaire qu’excitent les productions faibles ou défectueuses dans l’âme de ceux qui sont faits pour être frappés vivement de ce qui est bon ; et il ne faut pas toujours croire qu’un homme d’un grand talent est jaloux, parce qu’il montre du mépris pour les talents médiocres.

Les vertus domestiques où tous les hommes peu-