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ÉLOGE DE M. DE VAUCANSON.


elles-mêmes, mais encore les instruments nécessaires pour exécuter avec régularité, et d’une manière uniforme, les différentes parties de ces machines. Ainsi, par exemple, une chaîne sans fin donnait le mouvement à son moulin à organsiner, et M.de Vaucanson inventa une machine pour former la chaîne de mailles toujours égales. Cette machine est regardée comme un chef-d’œuvre ; toutes les courbures que peut avoir le fil de fer sont redressées ; toujours coupé de la même longueur, il reçoit deux plis toujours égaux ; à chaque extrémité un crochet toujours semblable est destiné à recevoir le fil qui formera la maille suivante, et lorsque la chaîne est faite dans toute sa longueur, une autre machine plus simple réunit les deux mailles extrêmes, et achève la chaîne sans fin ; si quelques mailles viennent à briser, la même machine sert à les remplacer, et à réunir cette partie nouvelle aux deux extrémités de ce qui reste de l’ancienne chaîne.

On n’a fait contre les machines de M. de Vaucanson qu’une seule objection : on a dit que le prix de la soie préparée par sa méthode ne dédommageait point des dépenses qu’elle entraînait. Quand même cette objection serait fondée, elle ne nuirait pas à sa gloire ; il a vu les défauts des méthodes employées avant lui ; il a donné les moyens non-seulement de les corriger, mais de porter dans cette fabrique une égalité, une perfection supérieure à ce qu’on aurait à peine osé désirer, et dès lors il a rempli tout ce qu’on doit attendre du génie d’un mécanicien. C’est à ceux qui s’occupent de la pratique des arts, à con-